Républicain Lorrain, Edition électronique du lundi 14 mai 2001

L'interview du rl

L'action "Une Journée dans la Nature", qui a lieu du 1er mai au 15 juillet, est organisée dans le cadre de l'Année internationale du volontariat par les associations membres de la Maison de la Nature. Le Président Frantz-Charles Muller profite de l'interview du Lundi pour relever le rôle éminent que la société civile est appelée à jouer en matière de protection de la nature par le biais du bénévolat, du partenariat, de l'éducation non formelle et de l'éducation informelle. En même temps il explique à quel point sont primordiales les notions du développement durable et de la biodiversité.


Frantz-Charles Muller
Président de la Maison de la Nature

"Nous devons intéresser le plus grand nombre à ce que nous faisons"

Le Républicain Lorrain : "Une journée dans la nature" se déroule en 2001 dans le cadre de l'Année internationale du volontariat. Pourquoi exactement?

Franz Muller: L'ONU a déclaré 2001 "Année internationale du volontariat". Au Luxembourg, LL.AA.RR. le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa en assument le protectorat. "Une Journée dans la Nature", qui se déroule du 1er mai au 15 juillet prochain, entre dans le cadre de cette campagne, dont la coordination incombe aux ministères de l'Environnement et de la Famille, parce que son organisation ne serait pas possible sans la collaboration bénévole de nombreuses personnes qui, grâce à leur engagement désintéressé, en garantissent le succès. Sans volontariat, la protection de la nature serait mal lotie et bien entendu aussi l'action "une Journée dans la Nature". Il s'agit d'une action commune des associations membres de l'asbl Maison de la Nature. Elle comporte plusieurs points culminants, notamment le Train vert, un voyage ferroviaire et une journée sans voiture le long de la Moselle jusqu'à Cochem via Trèves le 10 juin, et la Fête de la Nature du 17 juin à Kockelscheuer.

R: C'est, si nous comprenons bien, la protection de la nature par la voie éducative, pédagogique?

F.M.: Permettez-moi d'insister d'abord sur la notion de partenariat. Une notion que notre société a un peu perdu de vue. La tendance de tirer la couverture à soi est tentante, aussi chez les jeunes. Voilà pourquoi nous avons, par exemple, mis sur pied au Service national de la jeunesse un plan d'action "partenariat". Si l'on veut réussir, notamment sur le plan de la protection de la nature, il faut apprendre à collaborer et à coopérer en partenaires responsables. Un très bon collègue, le regretté Carlo Hemmer, à la fois économiste et ami de la nature, a eu le mot génial selon lequel "l'Etat, c'est nous". Il voulait dire par là que ce n'est pas la "méchante administration" qu'il faut mettre en cause à tout bout de champ, mais que c'est la société civile que nous sommes qui doit prendre ses responsabilités. Et c'est ici qu'entre en jeu le bénévolat. Quand on assume ses responsabilités en engageant sa personne de façon désintéressée, quand on sait pourquoi on est là; quand on est accepté, on atteint plus facilement le bien-être au sein de la société.

R: Vous vous proposez donc d'impliquer nos citoyens individuellement dans la protection de la nature. N'est-ce pas une entreprise démesurée?

F.M.: Prenons les milliers de personnes qui se veulent protectrices de la nature. S'il y en a qui croient avoir la science naturelle infuse, qui pensent qu'ils ont toujours raison et que tout doit aller dans le sens qu'ils croient être le seul exact, elles doivent savoir que cela aboutit à l'absurdité. La question fondamentale est celle-ci: comment peut-on protéger la nature, quand on ne la connaît pas, quand on a des préjugés ? Nous devons donc intéresser le plus grand nombre possible de citoyens à ce que nous faisons, et nous devons aussi en expliquer le pourquoi et le comment, et l'expliquer de sorte que ce soit compréhensible.

R: Dans cet ordre d'idées, quelles sont les notions qui vous paraissent primordiales?

Frantz Muller: Deux notions me paraissent importantes. Celle du développement durable et celle de la biodiversité. La première notion a été utilisée beaucoup par notre Premier ministre l'année dernière. Cette année-ci, il en parle déjà un peu moins. Et pourtant, elle est essentielle dans le contexte de la protection de la nature, tout comme celle de la biodiversité qui nous empêche de verser dans la facilité des monocultures et de toutes les entraves qui leur sont inhérentes.

Propos recueillis par Paul BEVER. 

Photos: Emanuelle SPRINGMANN



Frantz-Charles Muller
Né le 4 octobre 1942 à Luxembourg
- Président de la Maison de la Nature.
- Membre du Conseil supérieur de la protection de la nature.
- Engagé dans les domaines du scoutisme, des auberges de jeunesse et des sports.
Etudes:
Ecole primaire de Gasperich
Etudes secondaires au Lycée de Garçons Limpertsberg
Etudes universitaires à Aix-la-Chapelle, Fribourg-en-Brisgau et Zurich.
Diplômé en sciences forestières.
Parcours professionnel:
- Stage à l'administration des Eaux et Forêts
- Instituteur à Bettembourg
- Retour à l'administration des Eaux et Forêts où, en 1970, il est chargé de la coordination des actions organisées au Luxembourg dans le cadre de l'Année européenne de la protection de la nature
- Depuis 1981, directeur du Service national de la jeunesse.

Mais encore...

L'éducation
L'éducation environnementale me paraît être un point très important dans le contexte de l'action "Une Journée dans la Nature". On discute actuellement beaucoup, tant au sein du Conseil supérieur de l'éducation nationale que sur le plan international et plus particulièrement européen, sur les notions d'éducation non formelle et d'éducation informelle. L'éducation formelle se déroule dans les établissements d'enseignement et de formation, et débouche sur l'obtention de diplômes et de qualifications reconnus. L'éducation non formelle peut s'acquérir dans le cadre des activités d'organisations ou de groupes de la société civile, comme par exemple les associations de jeunes. C'est très important car on y acquiert souvent des qualifications-clés pour la vie. L'éducation informelle constitue la forme la plus ancienne d'apprentissage. L'environnement informel représente un réservoir considérable de l'éducation. Le fait que le PC a été introduit dans les foyers avant d'être introduit dans l'école en dit long sur l'importance de l'éducation informelle. L'idéal serait de rendre ces trois types d'éducation complémentaires.

De grands mérites
Permettez-moi de relever les grands mérites des associations qui participent à la réussite de "Une Journée dans la Nature". Il s'agit de Letzebuerger Natur- a Vulleschutzliga, la Fondation Hellef fir d'Natur, NATURA, AAT Garten- und Teichfreunde Luxemburgs, Société des naturalistes luxembourgeois, Ligue luxembourgeoise du Coin de Terre et du Foyer (CTF) et Amiperas.


Mot à mot...

VOLONTARIAT.- Sans volontariat, la protection de la nature serait mal lotie et bien entendu aussi l'action "Une Journée dans la Nature".

PARTENARIAT.- Le partenariat est une notion que notre société a perdu un peu de vue. Si l'on veut réussir, notamment sur le plan de la protection de la nature, il faut apprendre à collaborer et à coopérer en partenaires responsables.

EDUCATION NON FORMELLE.- L'éducation non formelle s'acquiert dans le cadre des activités d'organisations de la société civile comme les associations de jeunes. C'est très important, car elle dispense souvent des qualifications-clés pour la vie.