Républicain Lorrain 11.8.2000:

PROTECTION DE LA NATURE

Coup de colère de la ligue contre le ministère de l'Environnement

"(...)On peut se demander dans quelle mesure les responsables du ministère de l'Environnement représentent -et défendent- encore les intérêts de la protection de la nature". La météo n'est pas au beau fixe du côté de la Ligue luxembourgeoise pour la protection de la nature et des oiseaux. Par la voix de Pit Mischo, ses 15 000 membres faisaient savoir mercredi le mécontentement qui est le leur en informant que la politique actuelle menée par le ministère de l'Environnement en matière de protection de la nature est dans une "impasse". Une liste plutôt bien étoffée présentait ensuite les nombreux points sur lesquels les avis divergent; dans le désordre "l'affaire" Gréngewald et le dossier de la route du Nord, les classements en zone verte ou encore les chemins de campagne de Flaxweiler... sont autant de griefs qui ont conduit la ligue à décréter qu'elle suspend sa collaboration avec le Conseil supérieur de la protection de la nature.

Hier, le ministre de tutelle de l'Environnement Charles Goerens a été plutôt prosaïque pour exprimer sa réaction. Selon lui, "il faut prendre l'exemple de l'éleveur de porcs à qui l'on refuse l'autorisation de s'installer dans une commune, ainsi que dans celles voisines. C'est aussi l'empêcher d'exercer son métier. Nous sommes dans un domaine sensible, celui d'application des dispositions de la loi de 1982 sur la protection de la nature. Nombre de malentendus sont à éliminer à ce sujet: soit on précise les dispositions et on les respecte à la lettre ce qui risque rapidement de la rendre inapplicable, soit on se donne des directions en interne, ce que nous faisons. Je ne conteste pas qu'il y ait des décisions critiquables mais prenons le cas de la route du Nord; devons-nous ignorer que nous sommes dans un pays qui enregistre une augmentation de la croissance de 7,5 % ? Toute construction représente une violation de la nature, mais cela vaut pour tout. On tente de prévenir un maximum mais refuser tout revient à refuser toutes les activités". Et de préciser, concernant sa disponibilité: "Je suis prêt à chercher les compromis qui vont nous permettre d'avancer, d'évoluer. A confronter toutes les prises de position même dans une atmosphère conflictuelle. Le dialogue n'est pas interdit. S'il faut trouver une solution raisonnable pour tous même après une franche engueulade, alors nous le ferons..."

S.-G. SEBAOUI